Fan inconditionnelle du grand détective, particulièrement dans les adaptations cinématographiques et télévisuelles récentes que je vous recommande, c’est avec plaisir que j’ai testé Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter sorti le 10 juin dernier. J’avoue, c’est la première fois que je mets les pieds dans un jeu Sherlock Holmes, je n’ai jamais essayé les précédents (au nombre de 8, on en avait déjà parlé ici), mais je doute d’avoir le courage d’essayer l’un des jeux précédents un jour puisque contrairement à ce que j’ai pu lire un peu partout (sauf chez Offblink c’est rassurant, au moins un qui est honnête) ce jeu est loin très loin de répondre à mes attentes.

Alors oui, peut-être que je m’attendais à quelque chose de plus ambitieux, peut-être que mes attentes sont un peu trop importantes, ce qui est sûr c’est qu’étant donné le support (PS4) je m’attendais au moins à ce que ce jeu soit beau, élaboré, fluide… Chronique d’une grosse déception.

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Il était une fois, dans la si fascinante Angleterre Victorienne…

L’intrigue se déroule dans l’Angleterre de la fin du XIXème siècle qu’on appelle communément l’Angleterre Victorienne car sous le règne de la Reine Victoria, c’est notamment la grande époque de la Révolution Industrielle, période de l’Histoire Anglaise qui fascine beaucoup de monde de nos jours, très riche en histoires en tous genres, c’est bien entendu l’époque de Sir Arthur Conan Doyle, l’auteur de Sherlock, d’Oscar Wilde avec son Dorian Gray (Oscar Wilde qui apparaît dans l’enquête « Double Je »), de Charles Dickens avec son Oliver Twist (à qui fait écho la première enquête « En proie au doute »).

C’est aussi l’époque de l’émergence des droits des femmes qui sont particulièrement absentes dans ce jeu, sauf pour incarner le diable, la cruauté, la méchanceté, l’horreur, la bêtise, la futilité, j’en passe et des meilleures. Cette époque est enfin et surtout celle de l’avènement de la technologie moderne avec notamment la machine à vapeur, et ça Guy Ritchie l’a bien compris vu le nombre de mécanismes élaborés présents dans ses deux films dont l’intrigue se déroule justement à cette même période de l’Histoire, d’ailleurs dès le début du jeu on retrouve la même scène que celle du début de “Sherlock Holmes : Jeu d’ombres”, où Sherlock court dans la neige pour fuir aux balles d’on ne sait qui à ce moment de l’histoire (même si les tenants et les aboutissants de cette situation similaire ne sont pas du tout aussi excitants dans le jeu que dans le film).

On ne peut pas s’empêcher de remarquer que c’est aussi la même époque que l’excellent Assassin’s Creed Syndicate sorti l’an dernier qui a mis la barre tellement haute que j’ai peur ne pouvoir m’empêcher de le mentionner au long de mon test, je promets toutefois que je vais essayer de me limiter.

Un jeune et brillant sociopathe, père célibataire d’une jeune fille de 10 ans, tout ce qu’il y a de plus normal au XIXème siècle

Sherlock et Watson sont tous les deux jeunes, la trentaine, tout comme dans la série (qui se passe, elle, au XXIème siècle) et Sherlock est en pleine dépression par manque d’enquêtes, comme dans les adaptations récentes dans lesquelles les auteurs sont tous partis du principe que Sherlock était un sociopathe à tendance narcissique et que son monde ne pouvait tourner rond que lorsqu’il est en activité, c’est-à-dire lorsqu’il a des meurtres à élucider et, accessoirement, sa vie à risquer. Les néophytes découvriront donc ici un Sherlock insolent, grossier, fougueux, alors que le personnage d’origine, celui des bouquins et des vieux films, est plutôt respectueux bien qu’un brin fantasque, parfois, tout en restant assez réservé, discret.

C’est donc avec un certain plaisir que je retrouvais le caractère impertinent du Sherlock actuel (et les voix françaises du Sherlock et du Watson de la série ne gâchent rien). Je comprends la volonté de coller au plus près à l’époque décrite dans les livres, mais je trouve bien dommage de ne pas profiter du succès de la série (qui va d’ailleurs probablement prendre fin au bout de la saison 4 que nous attendons très patiemment depuis plus de 2 longues années) pour actualiser l’histoire et sortir de l’époque Victorienne usée jusqu’à la corde dans une tonne d’œuvres animées pour entrer dans le XXIème siècle et l’ère du numérique. Enfin ce n’est que mon avis, et je comprends qu’après 8 jeux et une trame déroulée depuis un petit moment il serait plutôt difficile de changer l’époque.

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Et tout d’un coup, rien ne se passa

Dans The Devil’s Daughter, Sherlock a déjà tué Moriarty (spoiler alert, désolée c’est parti trop vite, en même temps est-ce tellement surprenant ?!) et la fille du diable n’est autre que… ah non je ne dirais rien ! Donc Sherlock a une fille, Katelyn, on ne sait pas d’où elle sort (mais si tu sais, en fait tu sais !), on découvre au fur et à mesure de l’histoire qu’il l’a adoptée, et comme Sherlock est un sociopathe narcissique il est bien incapable de s’en occuper, il va essayer cela dit, très maladroitement, jusqu’à ce qu’une femme louche s’installe dans l’appartement d’à côté, s’intéresse d’un peu trop près à Mademoiselle Katelyn et fasse naître chez Sherlock des suspicions qu’il aura, comme d’habitude, du mal à refréner, car, comme d’habitude, elles seront tout à fait justifiées.

En marge de ce fil rouge que sera la découverte de l’identité et des objectifs douteux de la mystérieuse voisine ainsi que de l’identité réelle de Katelyn et surtout de son père, fil rouge somme toutes assez creux (pour un fil c’est peu commun), en marge de ce fil rouge donc, Sherlock doit élucider 4 enquêtes, en partie avec l’aide de Watson, le plus souvent seul.
Les 4 enquêtes sont, pour résumer simplement, une succession de déductions et de mini-jeux entrecoupés de petites et rares scènes d’actions. Sur le papier ça avait l’air sympa. Sur le papier seulement. Les 4 enquêtes sont faciles, les mini-jeux aussi, bien qu’ils nécessitent un minimum d’adresse pour la plupart, et ce n’est vraiment pas évident d’être précis quand la maniabilité du jeu ne le permet pas, enfin les scènes d’actions sont assez compliquées à gérer à cause d’une jouabilité plutôt limitée (on ne peut même pas sauter !) et d’une maniabilité trop approximative.

Sherlock mène l’enquête, pour changer, en fouillant des pièces et en posant des questions, des petites interactions lors des conversations donnent la possibilité d’obtenir des renseignements pour mener les enquêtes à leur terme et Sherlock peut analyser ses interlocuteurs pour mieux les connaitre et leur opposer certains indices lors de certaines de leurs déclarations mensongères ou juste dissimulatrices.

Contrairement à un jeu Telltale par exemple, où chaque choix peut ou non faire naître d’autres choix ou opportunités, ici tout est linéaire, quelque soit votre décision cela n’aura aucun impact sur la suite des événements, vous menez l’enquête sur des événements qui ont déjà eu lieu et tout ce que vous pourrez faire c’est déduire le pourquoi du comment à partir de vos indices. Les scènes d’actions, tout comme les mini-jeux, sont purement accessoires, si vous mourrez vous recommencer à la dernière sauvegarde, impossible de sortir de la scène tant qu’elle n’est pas terminée, impossible de passer la scène d’action, contrairement aux mini-jeux, alors que franchement, ça ne vaut pas grand chose. En outre, on nous vend qu’on va enquêter dans un tas d’endroits passionnants, mais plutôt que de nous faire découvrir le Londres de la fin du XIXème siècle (comme ce fut le cas dans Syndicate) on nous limite à peu de lieux différents en nous faisant faire des aller-retours entre les différents points d’intérêt, aller-retours qui sont évidemment liés à des temps de chargement un peu beaucoup longs pour la qualité du jeu. Je garde finalement à l’esprit cette impression de tourner en rond pour pas grand chose, un ressenti pas cool quoi.

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Trophées

Pour les chasseurs de trophées, rien de bien complexe, si contrairement à moi vous avez suffisamment de patience pour effectuer la totalité des mini-jeux vous aurez le trophée de platine du premier coup. Sinon vous obtiendrez facilement les 24 autres trophées et jouant normalement.

Trophée Platine Trophées Or Trophées Argent Trophées Bronze Voir la liste des trophées pour Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter Trophées Bronze Trophées Argent Trophées Or Trophée Platine

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Et donc ?

Évidemment, étant donné l’époque du jeu, la plateforme, la qualité des jeux actuels, je ne peux qu’être déçue de la simplicité d’un jeu qui promettait d’être plutôt sympa, au moins pour les fans du personnage. Tout au long des enquêtes je ne pouvais m’empêcher de rager sur les choix esthétiques et techniques des producteurs. On ne peut nier qu’il y ait eu une certaine recherche, les graphisme, simples, collent pourtant assez bien à l’univers, même si j’ai souvent eu l’impression de jouer à un jeu vieux de 10 ans. La tonalité des échanges promettait d’être intéressante dès les premières minutes, pourtant on s’enfonce dans le politiquement correct.

Au fur et à mesure du jeu, Sherlock l’impertinent est vite rattrapé par Sherlock le raisonnable. On commençait sur les chapeaux de roues avec des références aux nombreuses histoires de l’époque pour finir, après 4 courtes enquêtes terminées assez facilement en moins de 8h (ou 10 heures en jouant aux mini-jeux dans leurs globalité), par la résolution bâclée d’un fil rouge insipide et prévisible. En gros, vous l’aurez compris, je suis déçue.

Note : 4/10 (test réalisé par Florie)

PS : Arrêtez-moi si je me trompe, mais en y repensant, je crois que l’enquête 4 « Réaction en chaîne » fait référence à un braquage qui a eu lieu dans les années 70 non loin du domicile de Sherlock Holmes à Baker Street, un braquage qu’on appelle le « Casse de Baker Street » qui a fait l’objet d’un film que j’ai bien aimé et que je vous conseille, réalisé par Roger Donaldson, intitulé « Braquage à l’anglaise » avec notamment Jason Statham.

Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter, test du jeu sur PS4
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